L’extrême-droite à Langueux le 27 mai 2016 - Lettre ouverte au préfet des Côtes d’Armor

lundi 6 juin 2016

Lettre ouverte à M. Pierre Lambert,
Préfet des Côtes d’Armor

Copie communiquée à :
Mme Thérèse Jousseaume, Maire de Langueux
Ouest-France - Le Télégramme - Le Penthièvre - Radio-Activ - Radio France bleu-Armorique - France TV

A propos de l’autorisation donnée au Front National de manifester le vendredi 27 mai à 14h à Langueux contre un gala organisé en faveur des migrants le samedi 28 mai

Monsieur le Préfet,

Lors d’une précédente manifestation « Pour une Bretagne ouverte et solidaire » le 06 février, vous avez approuvé “tout à fait” les propos d’une pancarte « Haine et trouille n’ont pas d’avenir, partage et métissage oui ! ». Vous aviez pourtant interdit ce rassemblement qui permettait une tribune d’opposition sans équivoque aux appels racistes de l’extrême-droite européenne et locale.

Or, vous avez autorisé le 27 mai dernier une manifestation d’un groupe politique prônant des idées fascistes à l’extrême opposé de ce message.

Les raisons de l’interdire ne manquaient pourtant pas ! Alors pourquoi l’autoriser ?

• La liberté d’expression ? Mais cette manifestation s’en prenait à une soirée de soutien « au profit de l’accueil des migrants », soit, pour résumer la situation, à l’accueil de femmes, d’enfants et d’hommes en situation de grande détresse. Cette manifestation ne visait donc qu’à empêcher l’autre expression, celle qui prône l’humanité par le partage.

• Faire prendre l’air aux forces de l’ordre qui s’ennuient entre deux mobilisations ? Il faut bien leur trouver de quoi finir la semaine au même rythme…

• Puisque vous êtes le représentant de l’État, le message de celui-ci est-il que la haine, le racisme, la violence verbale et physique sont des valeurs qui ont toute leur place dans la rue, légalement ?

Enfin, puisqu’il était hors de question que cette manifestation de la bêtise se déroule sans s’y opposer de toute notre énergie, nous pouvons vous confirmer, comme vous le saviez en signant cette autorisation, qu’un face à face a bien eu lieu, et que la police, avec du renfort, s’est placée du bon côté, en nous faisant reculer comme si nous étions les agresseurs.

Mieux, alors qu’en face des saluts nazis ou autres « quenelles » se hissaient pitoyables — et répréhensibles, eux — d’eux d’entre nous, se sont fait contrôler parce que portant un foulard sur le visage. Il s’agissait simplement de ne pas offrir leurs traits en pâture aux manifestants d’extrême droite qui étaient en train de les filmer et de les photographier. Au vu de leurs méthodes habituelles de fichages et d’appels à représailles via réseaux sociaux et autres sites internet appelant à la haine - là encore répréhensibles et toujours pas inquiétés - cela ne semblait pas une précaution abusive…

Notre liberté d’expression d’indignés doit sans doute attendre votre autorisation.

Dans l’espoir qu’un jour l’État, par votre entremise, se place du côté de celles et ceux qui en ont vraiment besoin, veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre grande consternation.

Le Collectif de Vigilance Antifasciste 22, le 31 mai 2016


Documents joints

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